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La miséricorde de Dieu est si Grande

Matot et Masei sont deux parashiot qui vont souvent ensemble, mais ces deux mots ont des sens opposés. Le mot “Mate” dont le pluriel est “Matot” signifie “verge”, “piquet”, un morceau de bois sec. Un bâton est quelque chose d’inerte, qui est coupé de l’arbre où il a poussé. Il ne peut plus continuer à grandir ou créer une nouvelle vie. Il restera toujours statique et invariable. « Masei », du verbe « voyager », est exactement le contraire. C’est l’essence même du dynamisme, du mouvement, du développement et de la croissance. Parce que le voyage est le paradigme du progrès.

Cette juxtaposition de Matot et Masei est symbolique de la Torah elle-même. La Torah transforme l’inerte et lui donne vie. Souvenons-nous de la verge d’Aaron qui a fleuri et de la verge de Moïse qui s’est transformée en serpent. Une simple tige inerte était le symbole du début de la vie pour le peuple d’Israël lorsqu’elle touchait ha Yam Suf, la mer des roseaux et la divisait pour qu’ils puissent traverser à sec. La transformation de la tige inerte (Mate) produit un progrès (Masei), décrivant les voyages des Israélites à travers l’histoire. Les voyages mentionnés dans cette parasha représentent les voyages d’exil que le peuple d’Israël entreprendra dans son histoire. Masei fait non seulement référence aux voyages qui ont rapproché les gens de la Terre Promise, mais il fait également référence à la croissance des gens grâce à l’observance de la Torah. La Torah dit « les voyages des enfants d’Israël sortis d’Égypte » au pluriel, prenant les voyages dans le désert comme un ensemble de petits voyages, ou une succession de voyages. L’esclavage en Égypte n’est pas seulement une condition physique, mais aussi un état d’esprit. Le processus de libération de l’Égypte n’a pas été quelque chose qui s’est produit instantanément, mais quelque chose qui se poursuit de génération en génération.

Pourquoi la Torah mentionne-t-elle ces déplacements du peuple d’Israël ? Une explication peut être que les miracles sont vrais pour ceux qui en sont témoins alors que pour ceux qui en entendent parler, ce sont de simples histoires qui peuvent être niées. Il est difficile de les garder fermes et vérifiables dans le temps. L’un des grands miracles que nous raconte la Torah est la permanence du peuple d’Israël dans le désert. Deutéronome 8 :15 décrit le désert comme un lieu “grand et redoutable, plein de serpents et de scorpions ardents, et assoiffé, où il n’y avait pas d’eau…”. Survivre pendant quarante ans dans un endroit comme celui-ci est impossible encore aujourd’hui. Imaginons un instant que nous vivons à cette époque. L’histoire des voyages d’Israël à travers ces lieux inhospitaliers et dangereux nous aide à reconnaître la grandeur du miracle qui s’est produit là-bas dans le désert où nos ancêtres ont marché pendant leur voyage vers la Terre Promise.

Au chapitre 32 de notre parasha, nous trouvons l’histoire des fils de Ruben et des fils de Gad, qui vinrent à Moïse pour demander des terres pour s’établir de ce côté du Jourdain. Au début, Moïse a refusé. “Ce n’est pas juste que vous renonciez à la conquête et que vous restiez ici pendant que les autres partent se battre.” “Ce qu’ils vont faire, c’est décourager les autres.” « Ne vous souvenez-vous pas que c’est ainsi qu’ont agi nos pères quand j’ai envoyé des espions et que c’est pourquoi beaucoup sont morts ? Alors la Torah dit qu’ils sont venus à Moïse pour lui parler. Mais ils étaient déjà là. Pourquoi disent-ils qu’ils sont venus ? Nos sages disent que le mot וַיָּבֹאוּ” vayavo’u”, utilisé ici pour dire qu’ils sont venus, vient de “Vayigash” (approche), suggérant l’idée qu’ils se sont approchés. En entendant Moïse, les fils de Ruben et les fils de Gad s’approchèrent de Moïse. Ils ont “raccourci la distance” entre Moïse et eux-mêmes. Les fils de Ruben et de Gad “ont sympathisé” avec Moïse, “ont compris” Moïse et l’ont approché pour lui parler comme un être humain à un autre. “Nous comprenons votre peur, alors nous irons avec nos frères, et nous n’irons pas derrière mais devant.” Ils ont simplement dit qu’ils le feraient. “Vous avez notre parole.” De cette façon, ils ont créé la confiance et Moïse a accepté la proposition. Ensuite, les conditions ont été établies. Ils ont conclu l’affaire avec une garantie, établissant les conditions et les conséquences. Ce double conditionnement (si vous le faites et si vous ne le faites pas) est la base d’un bon accord. Il est important d’être clair dans les cas de conformité et de non-conformité. Nous retrouvons ici un rapport avec les prescriptions sur les vœux qui sont mentionnées au début de cette parasha.

Puis le chapitre 35 parle des villes de refuge qui étaient six villes lévitiques où les coupables d’homicide involontaire pouvaient se réfugier. Bien que ce terme puisse sembler indulgent, il s’agissait en fait d’un lieu de procès puisque le meurtrier ne pouvait y séjourner que s’il était déclaré non coupable de meurtre avec préméditation et de trahison. Lorsque la personne s’y est réfugiée, son cas a été jugé par la congrégation. S’il était reconnu coupable, il n’était pas autorisé à entrer. Ces villes étaient là pour que l’accusé puisse se défendre s’il avait agi sans intention malveillante. Les villes de refuge étaient un signe évident de l’infinie miséricorde de l’Éternel. Cela nous enseigne que le jugement et la bonté doivent agir ensemble. On dit que lorsque Dieu a créé le monde, il l’a fait avec bon sens et bonté. De cette façon, nous pouvons grandir et profiter de la vie.

Le but de la miséricorde est d’aider une personne, mais si la personne manque de bon sens, alors elle considérera toute faveur comme gratuite, et elle n’en tirera pas la leçon. La seule façon pour lui d’apprendre sa leçon est de subir les conséquences de ses actes. C’est pourquoi le meurtrier y trouva refuge, mais il dut y rester pratiquement toute sa vie car il ne put en sortir qu’à la mort du Grand Prêtre. S’il est parti avant, il pourrait faire l’objet de vengeances de la part de la famille du défunt.

La miséricorde du Créateur est infinie et nous couvre tous de manière égale, sinon nous pourrions même ne pas être en vie. Baruch HaShem ! Béni soit Son Nom.

Shabbat Chalom !

Alejandro Alvarado